Pour ce premier jeudi poésie de la saison chez les Croqueurs de Môts
sur le thème « Saveurs d’automne »,j’ai eu envie de partager avec vous,
un extrait du livre de Joshin Luce Bachoux : « Journal de mon jardin Zen »
Pendant cette longue absence liée à quelques soucis privés, mais aussi
au confinement qui nous a été imposé, j’ai pris le temps de me recentrer sur l’essentiel
et je me suis mise au jardinage , cela m’a plutôt bien réussi .
Encore une fois l’automne …
Ce sont les plus faciles à voir, les coulemelles, gros champignons blancs qui se
détachent nettement dans le pré. Je grimpe, glissant légèrement dans l’herbe
encore humide. De la-haut, le paysage s’ouvre, forêt de pins à ma gauche,
prés et prairies devant , et maisons entourées d’arbres alentour. Moment
émouvant de l’automne où chaque jour ce qui nous entoure change de
forme et de couleur. Le matin, noyés dans la brume, les arbres ne sont plus que
de grands fantômes immobiles ; sous le soleil de l’après-midi, la terre
semble plus vaste que l’horizon ; et la nuit, sous l’argent de la lune, il semble
que la forêt tout entière tiendrait dans le creux de notre main. le changement
de couleurs se fait d’abord presque imperceptible ; une feuille rouge, comme
une surprise, dans le cerisier, quelques balbutiements jaunes dans un
rosier … Mais hop! Le temps de se baisser pour ramasser quelques haricots,
et déjà les frênes se parent d’or et quelques torches rouges illuminent
le paysage. A travers la petite fenêtre de la salle de méditations, je me
laisse éblouir par ces traces colorées, on dirait que chaque nuit un pinceau
précis et habile a effleuré quelques cimes, caressé ici une feuille, là une
de genêts. Le ciel est gris pour mieux mettre en valeur ce chatoiement
de chaque feuille, de chaque brin d’herbe.
Suivre ces changements est un plaisir de chaque automne ; je me remplis
le coeur des nuances de chaque arbre, je m’émerveille de ce long et délicat
travail qui se déploie devant nos yeux, alors que bientôt va débuter l’activité
souterraine et secrète qui aboutira au jaillissement du printemps dans
quelques mois.
Encore une fois l’automne, donc, et dans mon esprit, soudain, vient flotter
une interrogation : << Serai-je là l’an prochain pour contempler à nouveau
cette transformation ? >> Je suis prise au dépourvu par l’abrupt de cette
question, mon coeur saute un battement et je m’assois sur une pierre
pour mieux considérer ma réaction. Bien sûr ! C’est là mon premier cri ;
bien sûr, et l’automne d’après, et celui d’après …