On l’appelle M’amzelle Jeanne
Je l’ai connue chez les Croqueurs de Môts
Lorsque j’ai repris la Communauté en 2014
Après Brunô le fondateur et Tricôtine
Depuis, on ne s’est plus quittées
Elle m’a donné le goût des môts, de la poésie
Et bien plus encore ….
Depuis nous nous sommes rencontrées réellement
Comme j’ai rencontrés beaucoup d’autres.
Mais avec elle, j’ai ressenti un petit plus.
Elle m’a appris la sagesse, l’humilité, le partage
Et je la remercie !!!
Aujourd’hui, ma chère amie Jeanne
Je t’offre ce petit poème qui est pour moi
le plus beau cadeau qui m’a été offert sur mon blog
par mon amie Argi que j’ai eu, tout comme toi,
le plaisir de rencontrer dans son Pays Basque.
A mon tour de le partager avec toi !
Pourquoi nous aimons nos blogs et tous les vôtres bien sûr .
Qui donne ? Le donateur, c’est-à-dire le poète…
Il se trouve investi d’une fonction éminente :
Donner aux hommes un objet qui est constitué
De leur bien le plus propre et peut-être le plus dangereux : le langage.
A quel titre, de quel droit le peut-il?
Il faut ici ouvrir une parenthèse et rappeler que le poète
Est lui-même présenté par la tradition comme doté ou doué d’un don:
Celui qui précisément consiste à pouvoir composer des poèmes.
Ce don, il le reçoit des dieux, voire, pour chaque texte particulier,
De la muse qui l’inspire.
Et il semble bien que son pouvoir de donner du langage
ce qu’on appelle « inspiration »
Soit proportionnel à son élection.
« Les vers sont faits pour être donnés, et qu’en échange on vous donne quelque chose
Qui ressemble à de l’amour. »
La lecture: réception du don.
Ne pourrait-on dire également que la réponse la plus évidente au don du texte n’est
Autre que la lecture?
Au silence de l’écriture s’accorde le silence de la lecture.
Ce sont là deux expériences « réservées » du langage.
Un échange éminemment verbal mais éminemment silencieux,
Dans la distance, dans l’inconnu.
L’accord musical est parfait quand l’écrivain ne connaît pas son lecteur,
Ni celui-ci son auteur.
Alors, l’un se substitue à l’autre…
La lecture est par excellence le moment où s’accomplit l’offrande.
Où le texte est reçu, goûté, apprécié, intériorisé peut-être.
Elle est le moment de la pesée du cadeau,on l’apprécie et de sa pensée,
On le déchiffre, on l’interprète, ce moment ou le langage d’un autre vient
Au contact de notre propre langage.
Le vrai remerciement du lecteur au texte donné est la pensée.
A proprement parler, dans l’écriture et la lecture il n’y a pas d’échange,
Pas de communication.
Mais deux modalités de la solitude comme ouverture à autrui.
D’un côté une solitude ouverte sur un don,celle de l’écrivain,
De l’autre une solitude ouverte
Sur une réception celle du lecteur.
Le don serait finalement cette ouverture même, cette ouverture ou cette clairière,
Sentie comme sortie de soi, accueil de l’autre…
Le texte offert est d’abord cadeau.
Il dit ce qui n’est plus, ce qui n’est pas encore, ce qui ne sera jamais, et,
Le disant, l’écrivant,
Il le rend présent.
Plutôt qu’un poème, on offre son écriture. On offre de son temps,
Celui que l’on a passé à l’écrire.
Le poème vaut moins comme objet que comme acte,
surtout pour celui à qui il est destiné,
Qui d’abord en retient le geste, ou l’intention.
Offrir un poème, ce serait peut-être comme offrir un geste, esquisser un geste.
On offre des vers, des rythmes, des images et des rimes,
C’est à dire un univers mesuré et harmonieux.
On ne donne pas une chose, on offre des signes,
un ensemble de mots où il est question
De choses et d’autres, dans des mots choisis.
« Le poème, en tant qu’il est, oui, une forme d’apparition du langage,
Et par là, d’essence dialogique,
Le poème peut être une bouteille jetée à la mer, abandonnée à l’espoir
-certes souvent fragile- qu’elle pourra un jour, quelque part,
Etre recueillie sur une plage,
Sur la plage du coeur peut-être.
Les poèmes, en ce sens également, sont en chemin :
Ils font route vers quelque chose.
Vers quoi?
Vers quelque lieu ouvert, à occuper,
Vers un toi invocable, vers une réalité à invoquer. »
Par Jean-Michel Maulpoix