Pour ce défi 191 chez les Croqueurs de Môts
Jill-Bill nous propose une illustration titrée :
« Se tuer à la tâche » , de broder un texte autour,
et rajouter en imposé ces bons mots de Pierre Doris
« Je me suis engagé dans la marine le jour où mon père a dit
qu’on était sur terre pour travailler dur ! »
Je sens que vous allez m’en vouloir pour cette histoire interminable
Mais vous verrez ça va vous tenir en haleine jusqu’à la fin.
A la caserne arrivée de nouvelles recrues.
Le caporal fait mettre les hommes au garde-à-vous.
– Vos noms et vos prénoms ?
Les recrues répondent
– Vous venez de quelle région ?
– Niveau d’études
– Profession ?
– Boulanger !
– Excellent ! affecté aux cuisines
– Facteur !
– Excellent ! il nous manque un vaguemestre …
– Glutier !
– Grutier, c’est très bien cela, grutier !
– Non pas Grutier, Caporal, Glutier !
Le caporal ne voit pas très bien ce que c’est mais ne veut pas perdre la face
– Glutier, ah oui bien sûr Glutier… c’est excellent cela !
Le caporal décide quand même d’en référer à l’adjudant
– Mon adjudant je vous signale que parmi les nouvelles recrues nous avons un glutier !
– Un grutier, oui et alors ?
– Non pas Grutier mon Adjudant, Glutier !
L’adjudant ne voit pas du tout ce que ça peut être
– Glutier, ah oui bien sur Glutier… c’est très très bien cela !
L’adjudant en réfère alors au capitaine
– Mon capitaine je tiens à vous informer que parmi les nouvelles recrues nous avons un glutier !
– Nous avons donc un grutier, la belle affaire !
– Non pas Grutier mon Capitaine, Glutier !
Le capitaine ne voit pas du tout ce que peut être ce métier bizarre
– Glutier, ah oui bien sur Glutier… voilà qui n’est pas commun de nos jours !
Le capitaine en réfère alors au colonel
– Mon colonel , j’ai le devoir de vous informer présentement de la présence
Parmi nous d’une nouvelle recrue dont le métier serait glutier.
– Un grutier sans doute ?
– Non pas Grutier mon Capitaine, Glutier !
Le colonel n’a jamais entendu parler de cette profession
– Glutier, ah oui bien sur Glutier… voilà qui est un honneur pour notre régiment,
Je vous remercie capitaine de m’en avoir informé !
Le colonel se précipite vers son téléphone et tente de joindre son général
(ici on peut encore prolonger l’histoire… il n’arrive pas à joindre le général tout de suite etc.)
– Mon général, je suis désolé de vous déranger à cette heure
Mais je tiens à vous signaler que nous avons recruté un glutier !
– Un grutier, pour quoi faire la caserne est en travaux ?
– Non mon général, la caserne n’est pas en travaux, et il ne s’agit pas d’un grutier, mais d’ un glutier !
– C’est cela oui ! Mais c’est extraordinaire cela, vous avez bien fait de m’en aviser.
Le Général téléphone alors au chef d’état major de l’armée de Terre
(ici on peut encore prolonger l’histoire… il n’arrive pas à joindre le général tout de suite etc)
– Mon général, on vient de me faire remonter une information que je pense importante,
car l’information c’est que … à la caserne de Mazamet, ils ont recruté un glutier
– Pardon, vous êtes en train de me téléphoner en pleine réunion d’état major
pour me dire qu’il y a un grutier à Mazamet ?
– Non mon général, un glutier, pas un grutier !
– Un glutier ? Ah oui un glutier !
Vous avez fort bien fait de m’en avertir vous aurez des instructions dans quelques temps.
Le chef d’état major des armées est bien embarrassé,
on vient de lui faire-part d’une nouvelle qui paraît importante,
et il ne sait pas comment la traiter.
Il décide donc d’en aviser le ministère.
(Prolongation de l’histoire, on peut faire intervenir plusieurs niveaux de responsabilité
au ministère avant d’arriver au ministre lui-même)
– Un glutier ! Un glutier me dites-vous ?
Le ministre ne voit pas trop ce que ça peut-être et réserve sa réponse,
il cherche dans des tas de dictionnaires, d’encyclopédies, sur Internet,
demande à sa maîtresse, téléphone aux renseignements mais pas de réponse…
Et pourtant ça doit être un truc super important.
Quelques jours après il convoque son chef de cabinet :
– Bon il faut absolument laisser travailler ce type,
allouez-lui un budget quotidien de 100 euros.
Qu’il commande ce dont il a besoin, qu’on le dispense de toute instruction militaire.
Mais qu’on me tienne au courant de ses travaux ! Je veux un point dans … disons un mois…
L’information redescend donc, le chef de cabinet du ministère en informe son chef de service
qui joint le chef d’état major de l’armée de terre
qui joint le général commandant la région militaire sud
qui à son tour contacte le colonel responsable de la caserne de Mazamet.
Celui ci fait descendre l’information jusqu’au glutier.
Le glutier se met donc immédiatement à utiliser son budget.
Il commence par commander de quoi se faire une baraque préfabriquée
en plein milieu de la cour de la caserne, puis il commande des meubles,
une chaîne hi-fi, la télé, un magnétoscope, un ordinateur, un bar.
Une fois installé, il commande spécialement ses repas chez un traiteur,
fait venir pleins de bouteilles, mais aussi des cassettes vidéos, des CD,
et commence à mener grande vie allant jusqu’à faire venir de temps à autres des call-girls.
Au bout d’un mois, le colonel demande au capitaine de faire un rapport sur ses activités.
Le capitaine demande donc à l’adjudant qui demande au caporal qui rédige un rapport.
Le rapport remonte donc par la voie hiérarchique et finit par atterrir chez le ministre.
– Un canapé, le traiteur ? des filles ? j’ai soudain des doutes !!!
Que l’on demande à ce glutier la raison de ces dépenses insolites
qui ne me paraissent pas avoir un rapport direct avec l’activité d’un glutier .
(en disant cela le ministre est conscient de prendre des risques, mais on est ministre ou on ne l’est pas…)
La réponse redescend, toujours aussi hiérarchiquement jusqu’au Caporal
– Glutier, l’adjudant voudrait savoir la raison pour laquelle toutes ces dépenses ont été engagées,
Alors qu’a priori elle n’ont pas grand chose à voir avec l’activité d’un glutier .
– Caporal si je fais toutes ces dépenses c’est pour conserver le moral
qui me permettra d’aboutir dans ma tâche !
Le caporal retransmet la réponse à l’adjudant….jusqu’au ministre
– Monsieur le ministre, il nous est répondu que les dépenses du glutier ont pour motif
que celui-ci tient à conserver un excellent moral afin de finaliser sa production !
– Ouf me voici rassuré !
Que l’on me refasse un point dans un mois !
Le mois suivant, même rapport
– Bon ça commence à être long !
Trouvez le moyen de voir le résultat de son travail le plus tôt possible
La réponse redescend jusqu’au général de région qui tenant à sa réputation appelle le colonel
– Je me rendrais dans 8 jours en visite dans votre caserne, et ce jour là je saluerai le glutier.
J’espère voir enfin le résultat de son travail.
Le colonel fait donner des ordres pour savoir si le glutier sera prêt,
Mais apparemment il ne le sera pas.
Il se déplace donc lui-même, le type est en train d’écouter une musique d’enfer
en fumant un énorme cigare sur son canapé en cuir et en sirotant un excellent whisky.
– Quel honneur Co co co colonel ?
– Vous m’avez l’air dans un drôle d’état !
– Un whisky ?
– Non-merci ! Un glutier ca fait quoi ?
– Un glutier, ça fait des gluts !
– Et vous avez fait combien de gluts depuis que vous êtes là ?
– Aucun !
– Comment aucun ?
– C’est très long, et il faut beaucoup de préparation psychologique !
– Et vous avez l’intention d’en finir un pour quand ?
– Bientôt, bientôt !
– Ca ne va pas je veux une date (puis saisi d’une idée subite),
De toute façon le général viendra visiter notre caserne la semaine prochaine,
Il m’a fait savoir qu’il serait particulièrement honoré si vous consentiez à lui offrir un glut !
– Offrir un glut au Général, pas de problème, mais 8 jours ça fait trop court !
– Combien alors ?
– 15 jours !
Le colonel doit alors user des trésors de diplomatie pour retarder la visite du Général,
Une nouvelle date est fixée et quelques jours après le colonel revient voir le glutier
– Alors c’est prêt le glut ?
– Pas vraiment, j’ai eu des difficultés de dernières minutes, il me faut 8 jours de plus !
répond le glutier qui est dans un état lamentable.
– Le colonel est vert, il essaye de renégocier la date avec le colonel qui vocifère !
– Il n’en est pas question !
Je suis pressé par l’état-major et par le ministère, donnez lui 24 heures supplémentaires mais c’est tout.
Le colonel en avise le glutier et la veille de la visite
Il vient s’assurer que le glut destiné a être offert au général est prêt,
C’est complètement angoissé qu’il rend visite au glutier.
– J’ai presque fini, plus que 2 ou 3 détails a régler, le glut sera prêt pour la visite du général
Bien sur le colonel ne dort pas de la nuit rongé par l’appréhension.
Et le matin, le général arrive, le colonel essaye de temporiser.
– Mon général, je vous propose de visiter la caserne et d’assister à quelques exercices,
et nous rendrons visite au glutier qu’a la fin de votre visite
– Pas question j’ai trop attendu, avec tous ces reports, allons tout de suite chez le glutier.
Le colonel est livide, et les 2 hommes se rendent chez le glutier.
Ce dernier est apparemment en pleine forme
– Alors glutier, nous venons voir le résultat de votre travail !
– Ah bien justement je viens de finir un glut, mais je me proposais de l’offrir à mon général !
Soulagement des 2 militaires, et le glutier s’en va quelques instants pour revenir avec un paquet cadeau
Assez petit de la taille d’un œuf entouré d’un joli ruban rouge.
– Quelle attention délicate, de vouloir m’offrir un glut, je vais donc l’ouvrir…
Faites venir du champagne pour fêter l’évènement
– Mon général, je suis désolé ça ne servirait à rien…
Le glut ne peut fonctionner qu’en pleine campagne !.
– Qu’a cela ne tienne mon garçon, je l’ouvrirai ce week-end
quand nous irons à la campagne avec mon épouse !
– Mais mon général il faut que je sois là pour le faire fonctionner !
– Ah ! bon écoutez colonel, préparez une escorte en tenue camouflée,
et dans une heure direction la campagne avec le glutier !
– A vos ordres mon général !
– Une heure après une petite troupe prend la direction de la campagne en convoi militaire,
elle s’arrête à l’orée d’une forêt, la troupe descend et pénètre dans la forêt.
Une centaine de mètres ayant été franchis, le général donne l’ordre de stopper
et s’apprête à ouvrir son paquet cadeau.
– Mon général, ça ne marchera pas,
il faut que nous soyons près d’un cours d’eau ou à défaut d’un étang .
On s’inquiète donc de la présence d’un étang dans le coin,
il y n’y en a pas, on retourne donc aux camions
et on se dirige vers un autre endroit ou il y a une petite rivière.
La troupe se rapproche de la rivière et le général interrogatif se tourne vers le glutier :
– Je peux y aller maintenant ?
– Bien sur mon général !
Le général défait son paquet cadeau,
Et dévoile un objet assez laid rassemblant vaguement
A une boite d’allumettes criblées de trous ovales.
– Ah ! Voici donc un glut !
Pouvez vous me rappeler comment cela fonctionne,
car il y a des années que je n’en ai point vu.
Le glutier prend alors le glut, le pose sur la surface de l’eau,
Le glut semble hésiter à flotter, puis se met rapidement à couler en émettant un petit bruit
– Glut Glut Glut !
Voilà comment …
Je me suis engagé dans la marine le jour où mon père a dit
qu’on était sur terre pour travailler dur !
Bon si vous m’avez lue jusqu’au bout ….
On reste amis ???